Par Jean-Marie BRIAND, ostéopathe D.O., membre du Registre des Ostéopathes de France
L’ostéopathie est-elle un moyen de préparation à la naissance ?
Lorsque l’Homme s’est mis debout il y a 8 millions d’années les douleurs fonctionnelles liées à la bipédie ont commencé à apparaître. La gestion notre équilibre est à ce point complexe que ces douleurs existent encore souvent aujourd’hui chez beaucoup d’entre nous, signe que l’évolution de notre espèce n’est probablement pas terminée. La grossesse rend le contrôle de cet équilibre encore beaucoup plus complexe par le déséquilibre antérieur qu’amène la croissance utérine, contrôlé de façon de moins en moins confortable au fur et à mesure de la grossesse par les muscles du plan postérieur du corps ; cela aboutit à un véritable surmenage de l’ensemble des muscles assurant le haubanage postural du corps, le symptôme le plus connu en étant la fameuse sciatalgie de la femme enceinte qui est en réalité une contracture douloureuse des muscles pelvitrochantériens.
Or cette musculature surmenée, souvent spasmée et sensible, va être sollicitée en étirement de façon extrêmement intense pendant l’accouchement : se tenir debout pendant la grossesse c’est contracter l’ensemble des muscles posturaux du corps de façon telle que la stabilité du bassin est assurée ; cela peut entraver la facilité du complexe pelvien à se laisser aller en contre nutation/nutation sous la poussée du mobile fœtal. L’ostéopathie représente alors une approche de choix dans l’accompagnement de cette mutation posturale le plus souvent inconfortable ; les réponses chimiothérapiques sont limitées face aux douleurs fonctionnelles en général, chez la femme enceinte en particulier ; or un grand nombre des symptômes fonctionnels de la grossesse trouvent justement leur source dans cette évolution posturale, qu’ils soient musculaires, neurovégétatifs ou digestifs. Plus cette mutation se fait de façon confortable et harmonieuse, plus l’environnement fœtal est souple et relâché, plus on favorise la préparation de l’accommodation réciproque des deux organismes nécessaire à l’eutocie, et donc à leur récupération ultérieure. Il est cependant important de noter que l’approche ostéopathique puisqu’elle répond à une évolution posturale, donc globale du corps de la femme enceinte, ne peut se limiter à une préparation tissulaire du bassin, mais doit intégrer l’ensemble du corps de la patiente (systèmes musculo-squelettique, viscéral, crânio-sacré).Quel est l’intérêt d’une consultation néo-natale ?
L’accommodation réciproque du bassin maternel et du fœtus se fait pendant l’accouchement, mais également pendant la grossesse ; cela amène les ostéopathes à envisager l’examen ostéopathique néo-natal sous ces deux facettes :
L’accommodation obstétricale du mobile fœtal, est naturelle et même bénéfique dans la mesure où elle modèle et détend un organisme qui a du mal à se déplier par lui-même. Si cette accommodation se fait sur un mode trop brutal ou trop prolongé, le système articulaire du fœtus est sollicité de façon excessive amenant une réponse de défense musculaire, surtout spectaculaire au niveau de la région crânio- cervicale du fœtus. A l’examen le bébé semble inconfortable globalement, à des réactions exacerbées de type réflexe de Moro à la palpation de ces zones douloureuses. L’ostéopathe doit alors chercher à aider le nouveau né à traverser cette phase inconfortable. Le fœtus est fréquemment sollicité avant la phase obstétricale dans une adaptation plus lente, donc dans laquelle la musculature n’a plus de réaction de défense douloureuse : ce sont toutes les adaptations liées à l‘environnement ; une présentation précoce (surtout dans les MAP) ou particulière, un contexte oligoamniotique obligent le fœtus à adapter son architecture musculo-squelettique . Si cette adaptation est légère on parle de torticolis, pied varus, pied valgus etc.… en se limitant à tort à la région la plus spectaculaire (il est rare qu’un fœtus vu sa souplesse, adapte sa position uniquement au niveau de la colonne cervicale ou des pieds) ; si elle est plus importante on parle de dysmorphie. Le but de la consultation ostéopathique est alors de détecter et relâcher toutes les parties du fœtus engagées dans cette adaptation, là encore qu’elles soient musculosquelettiques, viscérales, crânio-sacrées.
Combien de consultations faut-il ?
Pendant la grossesse, les consultations sont soit motivées par l’inconfort fonctionnel de la future Maman, la demande de consultation se faisant alors au coup par coup, soit par l’accompagnement, la prévention et la préparation du corps à l’accouchement ; on peut alors considérer que deux ou trois consultations dont la dernière vers la 37ème semaine doivent suffire.
On ne doit cependant pas occulter l’intérêt des consultations post-partum. Si l’évolution posturale des Mamans se fait en neuf mois pour la grossesse, elle doit se faire en quelques heures après l’accouchement, de surcroît fréquemment traumatisant. Le haubanage postural du corps peut-être surpris par la soudaineté du changement et provoquer là encore des symptômes fonctionnels ressemblant à ceux de la grossesse. Une intervention ostéopathique aide à normaliser l’ensemble. L’ostéopathie peut, là encore, accompagner le corps dans sa récupération, en levant certaines perte de mobilités articulaires : il est par exemple fréquent de retrouver dans les lombalgies post-partum une difficulté du sacrum à abandonner le positionnement pris en phase expulsive, obligeant en position debout l’ensemble de l’axe rachidien de la jeune Maman à compenser douloureusement ce déséquilibre. Une nouvelle fois, l’approche ostéopathique soutient que la récupération fonctionnelle de l’ensemble du corps conditionne en grande partie la récupération locale. Par exemple, le travail sur le bassin et notamment le périnée est potentialisé par une posture générale harmonieuse. Une moyenne de deux consultations permet en général d’y aider de façon notable.
L’ostéopathie est-elle une profession médicale ? Où en est la réglementation de la profession ?
Depuis la loi du 4 mars 2002, l’ostéopathie est reconnue ; les ostéopathes ne sont plus susceptibles d’être poursuivis pour exercice illégal de la médecine ; cependant les décrets d’application de cette lois ne sont pas publiés, ce qui fait que l’ostéopathie à l’heure actuelle n’a pas de statut légal, donc pas de Diplôme d’Etat.
Cela pose un problème puisque ce vide juridique favorise l’explosion de petites formations en ostéopathie, peu contrôlées dans leur qualité et promettant à qui le veut une compétence ostéopathique rapide. Il faut savoir que les instances internationales ostéopathiques préconisent à minima une formation de type universitaire en 3 cycles d’étude, débouchant sur un exercice professionnel de consultant de première intention par le patient. A l’heure actuelle les formations les plus sérieuses assurent une formation en BAC+6 en 3cycles, mais la disparité des niveaux de formation empêche une réglementation rapide et doit pousser à la circonspection quant au praticien auquel on s’adresse.
Combien coute une consultation d’ostéopathie ? Y’a-t-il une prise en charge par les assurances sociales ?
La profession n’étant pas réglementée, il n’y a pas de prise en charge par les assurances sociales ; l’émission de feuilles de soins pour ces actes par des praticiens, même si elle est courante, relève d’une fausse facturation de soins (les actes d’ostéopathie ne figurent dans aucune nomenclature professionnelle) ; le déconventionnement est la peine minimale demandée par la CNAM contre les fautifs, mais elle relève du délit. La quasi totalité des ostéopathes professionnels exerce donc hors d’un cadre conventionnel ; leurs prestations sont toujours assujetties à une TVA de 19,6% puisqu’elles ne sont pas considérées comme soins tant que le cadre réglementaire de la profession n’est pas fixé. Un nombre croissant de mutuelles participe de façon parfois importante aux soins ; l’ostéopathie est de plus en plus populaire et les patients intègrent cette donnée fréquemment dans leur choix d’une mutuelle, même si le coût global d’un traitement est tempéré par le caractère espacé des consultations. La Mutuelle Familiale de l’Île de France a fait une étude il y a quelques années sur ses assurés de plus de 60 ans : ses assurés de plus de 60 ans y ayant recours leur coûtait 20% de moins que les autres ; il est donc probable que les assurances complémentaires peuvent y trouver leur intérêt. La fourchette moyenne de facturation des consultations se situe entre 45,00€ et 65,00€ en fonction principalement de la zone géographique de l’implantation professionnelle.